La Capacité d’Être Témoin : La Résonance comme Chemin de Guérison pour Soi, Ses Ancêtres et le Collectif
Dans nos vies modernes, il est facile de s’égarer dans l’action et le flot des pensées. Pourtant, une capacité essentielle peut transformer notre relation à nous-mêmes et au monde : être témoin et la résonance. Être témoin, c’est cultiver une présence attentive, une ouverture où tout peut exister sans être jugé, modifié ou rejeté. C’est une posture de conscience qui, doucement, devient un puissant outil de guérison.
Être témoin : qu’est-ce que cela signifie ?
Être témoin, c’est avant tout une qualité d’être. C’est accueillir ce qui est, tel que c’est, sans chercher à intervenir ou à contrôler. C’est poser son regard intérieur sur nos sensations, pensées et émotions, comme on observerait des vagues sur l’océan. Elles se lèvent, elles sont et elles se résorbent.
C’est aussi reconnaître, avec humilité et curiosité, que ce que nous voyons n’est qu’une facette d’une réalité plus vaste. En prenant conscience de nos filtres et de nos limitations, nous pouvons percevoir une réalité de plus en plus vaste.
Être témoin ne signifie pas être passif. Au contraire, c’est un acte profondément actif d’attention et de présence. Cela exige de cultiver un espace intérieur suffisamment vaste et stable pour accueillir la richesse de ce qui se présente. Et nous pouvons reconnaître l’intelligence qui cherche à être vue et honorée derrière chaque émotion ou tension.
Un acte d’amour
C’est l’un des plus beau cadeau que l’on puisse faire à quelqu’un.e : lui donner son temps, son attention, sa présence. C’est un acte d’amour. C’est une manière de transmettre : “ tu comptes. Ce que tu vis, ce que tu exprimes, – même au-delà des mots -, importe.”
Dans un cadre posé, nous laissons de l’espace et du temps à l’autre pour qu’iel s’exprime. Nous réfrénons la tendance de vouloir tout de suite donner des conseils ou parler de soi quand quelque chose devient inconfortable. Nous cultivons la présence et nous prenons la responsabilité de ce que nous sentons.
La résonance : un écho intime et universel
En tant qu’êtres humains, nous sommes naturellement des êtres de résonance. Nous sommes vivant.e.s. Nous sommes vibrant.e.s. Lorsque quelqu’un partage une expérience, un élément de son vécu résonne souvent avec notre propre histoire. Et notre vécu se communique à travers nos émotions ou nos sensations. Cette résonance est un phénomène subtil mais puissant, qui crée un pont entre deux êtres, permettant une connexion profonde et une compréhension mutuelle. Car être témoin, c’est choisir de devenir une caisse de résonance pour l’autre, en écoutant non seulement avec les oreilles, mais aussi avec le cœur et le corps.
Dans certains cercles de partage, comme ceux que j’ai pu expérimenter notamment dans le cadre de Karuna (psychologie contemplative) ou de la Formation Timeless Wisdom Training avec Thomas Hübl, cette résonance est partagée explicitement après qu’une personne ait exprimé son vécu. Par exemple, on peut dire : « Quand tu as dit ceci, j’ai ressenti cela dans mon corps ». Ce retour est bien différent d’une interprétation ou d’un jugement. C’est une manière d’offrir à l’autre une écoute réelle, où la présence de l’écoutant devient un miroir bienveillant de ce qui est vivant en lui. Donner une résonance, c’est dire à l’autre, » voilà comment ton partage a été vivant en moi. »
Accorder notre propre instrument
Pour pouvoir être une caisse de résonance, il est essentiel d’être présent à soi. Comme un instrument de musique, notre intériorité a besoin d’être accordée. La méditation joue ici un rôle central. Car en nous aidant à cultiver le calme, la stabilité et l’écoute profonde, elle nous prépare à être pleinement présents à nous-mêmes et aux autres.
Pour soi-même, la capacité d’être témoin ouvre des portes vers une relation plus intime avec notre humanité. Lorsqu’une émotion intense surgit – tristesse, colère ou peur –, la tendance naturelle est souvent de la fuir, de la combattre ou de l’ignorer. Mais en devenant témoin, nous créons un espace où cette émotion peut exister, s’exprimer et, finalement, se transformer. En la regardant avec bienveillance et curiosité, nous la libérons de l’ombre où elle était emprisonnée.
Être témoin de soi-même, c’est aussi s’offrir la possibilité de mieux comprendre nos propres schémas. Pourquoi certaines situations déclenchent-elles des réponses disproportionnées ? Quels récits inconscients continuons-nous de répéter ? Ces réponses ne viennent pas par l’analyse, mais par une observation patiente et aimante, qui permet à ce qui est enfoui de remonter à la surface.
Une connexion aux ancêtres
Mais notre capacité d’être témoin et en résonance ne s’arrête pas à nous-mêmes. Elle s’étend à notre lignée. Dans nos corps et nos cœurs, nous portons les histoires non résolues de nos ancêtres. Certains de ces récits sont des forces – des ressources profondes de résilience, de sagesse, d’intelligence et de créativité. Mais d’autres sont des blessures qui, lorsqu’elles ne sont pas soignées, continuent de se répercuter à travers les générations.
En devenant témoin de notre héritage ancestral, nous pouvons interrompre ces cycles. Ce travail ne consiste pas à juger ou à effacer ce qui a été vécu, mais à regarder, avec compassion, les souffrances de ceux qui nous ont précédés. Nous devenons des ponts entre le passé et le présent, offrant à nos ancêtres ce qu’ils n’ont peut-être jamais eu : un espace où ils peuvent être pleinement vus et acceptés. Et aussi, peut-être ressentir ce qu’ils n’ont pas pu sentir à l’époque. Dans ce processus, nous libérons non seulement leur mémoire, mais aussi nous-mêmes.
Un acte pour le collectif
Enfin, être témoin peut être un acte profondément collectif. Dans un monde où la polarisation s’intensifie et les conflits prolifèrent, la capacité de simplement « rester avec » ce qui est devient une révolution silencieuse. Être témoin du collectif, c’est regarder nos blessures partagées – les inégalités, les violences, les injustices – sans se détourner. Ce n’est pas ignorer ou excuser, mais reconnaître la souffrance et les dynamiques sous-jacentes, pour ouvrir la voie à une guérison véritable.
Le traumatisme collectif est quand tout un groupe de personne -un collectif, la société- ne voit pas, ne sent pas quelque chose, et se détourne collectivement de quelque chose. L’antidote va être d’amener progressivement de la présence, et cela commence par être conscient.e.s que parfois, nous ne ressentons rien ou nous ne savons pas ce que nous sentons.
Lorsque nous nous rassemblons dans un espace d’écoute et de présence, quelque chose de plus grand que nous émerge. Le collectif devient un champ vivant où des récits anciens peuvent être transmutés, en commençant par sortir de l’ombre. Alors seulement de nouvelles possibilités peuvent naître. En nous offrant mutuellement notre regard bienveillant, nous créons un monde où chacun peut se sentir vu, entendu et respecté. Et nos ancêtres également. Ils peuvent retrouver leur dignité.
La méditation : cultiver la présence et la résonance
La méditation est un outil précieux pour développer la capacité d’être témoin et de résonner avec l’autre. En nous offrant un espace de calme et de retour à soi, elle nous invite à observer, sans jugement, les vagues de nos pensées, émotions et sensations corporelles. Elle nous enseigne à rester avec ce qui est, même lorsque cela nous semble inconfortable ou confus. Chaque instant passé en méditation, à accueillir ce qui émerge, renforce notre aptitude à habiter le moment présent. Peu à peu, nous cultivons une posture intérieure d’écoute et de curiosité bienveillante, qui s’étend bien au-delà de la pratique formelle.
Ainsi, la méditation devient une manière d’accorder notre instrument intérieur, nous permettant de devenir des caisses de résonance plus précises et authentiques. En pratiquant régulièrement, nous développons la capacité de ressentir avec acuité les échos des autres, tout en restant enracinés dans notre propre expérience. Cette stabilité intérieure est essentielle pour être présent aux autres sans être submergé, et pour offrir une écoute qui guérit.
Une invitation à pratiquer
La capacité d’être témoin et la résonance sont une pratique. Elles demandent patience, engagement et humilité. C’est en s’exerçant que nous pouvons les affiner. Mais à chaque instant où nous choisissons d’être présents – pour nous-mêmes, pour nos ancêtres, ou pour le monde –, nous semons les graines d’une transformation profonde.
Prenez un moment, là, maintenant. Fermez les yeux, respirez, et tournez votre attention vers l’intérieur. Qu’y a-t-il à voir, à ressentir ? Pouvez-vous simplement être avec ce qui est, sans analyser, sans rien ajouter ni enlever quoi que ce soit ? C’est dans ces moments simples que la guérison commence.
Si vous avez envie de pratiquer dans un cercle de résonance, je vous invite à rentrer en contact avec mon amie Claude Terosier, qui en anime régulièrement à Paris et en ligne. Le cadeau de notre propre présence et de notre résonance est l’un des plus précieux à se faire, et à faire à nos ancêtres et au collectif.
Conclusion : Une posture essentielle pour notre temps
Dans un monde en quête de réconciliation, la capacité d’être témoin est une boussole précieuse. Elle nous enseigne que la guérison naît lorsque nous regardons avec amour ce qui demande à être vu. La résonance, cet écho intime et universel, nous relie aux autres et à nous-mêmes. En cultivant cette connexion, nous incarnons une humanité plus profonde et enracinée dans la présence. Alors, devenons témoins, comme des gardiens bienveillants de la vie dans toute sa beauté et sa complexité.